l'oncle de Renart : le loup fait du goupil son neveu, et le goupil du loup son oncle. Ainsi comme je vous le dis, ils sont entre eux parents et amis; ils ne sont proches d'aucune autre manière, si mon bon livre ne me ment point. Parce que le goupil dit, quand il va avec le loup : « Bel oncle, que voulez-vous faire ? », il veut gagner son amour. Le loup parle très amicalement au goupil, à l'égard de qui il n'a aucune haine. Par amitié, ils s'appellent oncle et neveu quand ils se voient. On peut facilement comprendre de Renart la grande intelligence, à qui veut bien l'entendre; or ce Renart représente pour nous, ceux qui sont plein de mauvaise vie, qui n'arrêtent pas de chercher comment ils peuvent tromper autrui. Mais le félon ne sera pas content le jour où il ne trompera pas autrui. Ils sont égaux devant le trompeur : intimes, étrangers, et amis. Il n'en épargnera jamais un seul, même un ami très cher ne le sera pas. En plus de cette félonie il a le cœur tout plein d'envie, et l'envie est cette racine d'où tous les maux prennent leur origine. Avec la félonie et l'envie la pingrerie est leur amie, et la pingrerie est cette chose que d'avoir toujours la bourse close. La pingrerie est un vice qui aime beaucoup l'avarice. L'avarice s'est emparée du monde par surprise, on est déclaré pauvre malheureux, si on n'a pas de rente, si on ne prête pas à usure. Mais j'ai dépassé la mesure, car c'est ceux qui ont de grandes rentes, qui causent de grands maux. On peut en parler d'avantage avec mépris, mais je prendrais soin de n'en conter plus. | 116
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160 | Ysengrin li oncles Renart, Le leu fet du gorpil neveu, Et le gorpil oncle du leu. Si faitement con je vos di, Sont entre eus parent et ami; Ne s'apartienent autrement Se mes bons livres ne me ment, Por ce que le gorpil disoit, Qant il avec le leu aloit, Biaus oncles, que volez vos fere ? Le voloit a s'amor atrere. Li leus disoit par amor fine Au gorpil vers qui n'ot haïne, Par amitié s'entr'apeloient Oncle et neveu qant se veoient. A Renart puet on bien aprendre Grant sens qui bien i velt entendre : Car cil Renart nos senefie Ceus qui sont plain de male vie, Qui ne finent del agaitier Con puissent autrui engingnier; Ne ja le fel liez ne sera Le jor q'autrui n'engingnera. A l'engingnier li sont honi Privé, estrange et ami : Ja un sol n'en espargnera, Ja si chier ami ne sera. Et avec cele felonie A il le cuer tot plain d'envie, Et envie est cele racine Ou touz li max prenent orine. Avec felonie et envie Escharsetez est lor amie, Et escharsetez est tel chose Que tout jors a la borse close. Escharsetez est une vice Qui forment aime avarice : Avarice a le mont sorpris, Cil est clamez dolent chaitis, Se rente n'a, se il n'usure. Or ai passé outre mesure, Que cil qui les granz rentes ont, Ce sont cil qui grant mal en font; Moult en puet l'en vilment parler, Mes je n'ai soing de plus conter. |
Traductions à confirmer:
ReplyDelete1. (v. 115-116) "Tot ensement de l'autre part Ysengrin" = "Tout pareillement, Ysengrin est d'autre part"?
2. (v. 121) "Ne s'apartienent autrement" = "ils ne sont proches d'aucune autre manière"?
3. (v. 126) "s'amor atrere" = "gagner son amour"? "gagner son amitié"?
4. (v. 127) "par amor fine" = "très amicalement"?
5. (v. 131-132) "A Renart puet on bien aprendre Grant sens" = "On peut facilement comprendre de Renart la grande intelligence"?
6. (v. 139) "A l'engingnier li sont honi" = "Ils sont égaux devant le trompeur"?
7. (v.148,149,151) "Escharsetez" = "pingrerie"?
8. (v. 153) "a sorpris" = "s'est emparé par surprise"?
9. (v. 154) "dolent chaitis" = "pauvre malheureux"?
10. (v. 158) "grant mal en font" = "en causent grand peine"?
11. (v. 159) "Mout en puet l'en vilment parler" = "On peut grandement en parler vilement"?
12. (v. 160) "Mes je n'ai soing de plus conter" = "mais je ne prendrais pas soin d'en parler plus"?