et voit Renart qui donne la leçon, qui l'a déshonoré sous ses yeux, puis qui le raille et s'en va en se moquant. Mais il ne prend pas la peine de discuter, plutôt il se redresse pour aider sa femme qui est sur une mauvaise voie. Il la saisit par la queue et la tire vers lui avec une telle force, qu'Hersent souffre comme une martyre, et il lui arrive à cause de la douleur que son trou de derrière cède. Ysengrin voit qu'elle se vide, alors il pourra l'avoir ainsi qu'il le croit. Il se recule un petit peu, et il voit qu'elle est coincée dans le passage. A moins qu'il soit un peu élargi, Hersent ne pourra pas être retirée; et s'il ne la dégage pas de là, il sera malheureux. Il est ni paresseux ni mou, il attaque avec ses griffes et gratte fort, il retire la terre à l'extérieur avec sa patte; il gratte d'un coté et de l'autre, les diables l'auront s'il ne l'a pas. Quand il en a assez ôté en haut en bas et sur les cotés, il s'approche d'Hersent, puis la soulève; et comme il la trouve un peu desserrée, il pousse et il tire et il secoue et il frappe, peu s'en faut que la queue ne se rompe, mais elle est bien attachée. Il l'a tant poussée et tirée que, Dieu merci, elle a bien tenu jusqu'à ce qu'Hersent soit sortie dehors. Il a eu beaucoup de peine à la tirer de là au point qu'il en perde le souffle. Il voit que Renart n'a plus rien à craindre de lui puisqu'il s'est mis dans sa tanière. Dés qu'Ysengrin voit Hersent délivrée, il dit : « Hé!, sale vipère, sale serpent, sale couleuvre, j'ai bien vu tout le travail; Renart sait bien me cocufier, je l'ai vu allongé sur vos reins, vous ne pouvez pas vous en défendre. » Peu s'en faut qu'Hersent n'enrage de colère puisqu'Ysengrin prend ainsi la chose; néanmoins elle lui raconte l'affaire d'un bout à l'autre : « Seigneur, il est vrai qu'il m'a déshonorée, mais je n'ai rien fait de mal vu qu'il m'a prise de force. Laissez tomber tous ces griefs car ce qui est fait n'est plus à faire. C'est terminé, passez à autre chose, ce méfait ne sera jamais réparé avec ce que nous pouvons en dire. À la cour de Noble le lion, on traite les procès et les audiences de guerres à mort et autres querelles. Nous irons là-bas nous plaindre à lui, et vous aurez bientôt réparation si cette affaire peut être portée devant la cour. » Ces mots ont complètement réconforté seigneur Ysengrin de sa colère. « Certes, fait-il, je vous ai trop grondé, j'ai agi très bêtement et je savais peu. Mais ce conseil m'a remis sur le bon chemin : Renart aura commis sa terrible faute à tort si je parviens à le traîner devant la cour du roi. » |
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708 | Si voit Renart qu'esprent et art, Qui l'a honi ses eulz voiant, Puis si le gabe et va moqant, Mes il n'a or soing de plaidier, Ainz se redresce por aidier Sa fame qui va male voue; Il l'a saisie par la quoue, De tel vertu a soi la tire Que Hersent est en tel martire, Que il li covint par angoisse Que le pertuis derriere croisse. Ysengrin voit qu'elle se vuide, Or l'aura il si con il cuide. Un petitet s'est tret arriere, Il voit qu'ele est en la chariere, Si s'est un petit alaschie. Hersent ne pot estre sachie; S'il ne la tret, il ert dolenz. Il n'est pas pereceus ne lenz, As ongles s'est pris et si grate, Tret la terre fors a la pate; Grate de la, et puis deça, Deables l'auront s'il ne l'a. Qant il en a assez osté Et sus et jus et au costé, Vint a Hersent, si la soufache, Et qant il la trove un poi lasche, Empaint et tire et sache et boute, A poi la qeue ne ront toute, Mes ele estoit bien atachie. Tant l'a empainte et fors sachie, Que merci Dieu bien s'est tenue Tant que Hersent est fors issue. Traite l'en a a moult grant peine, A poi que ne li faut l'alaine. Il voit Renart qui poi le doute, Car il s'est mis dedenz sa croute. Quant Ysengrin la vit delivre, Haï ! fet il, pute orde vivre, Pute serpent, pute coleuvre, Bien ai veue toute l'uevre; Bien me set Renart acupir, Je le vis sor voz rains gesir, Ne vos en pouez escondire. Par poi Hersent n'enrage d'ire Por Ysengrin qui si la chose; Mes nequedent toute la chose De chief en autre li raconte, Sire, il est voir qu'il m'a fet honte, Mes n'i ai mie tant meffet Endroit ce que force m'a fet : Lessiez ester tot cest contrere, Ce qui est fet n'est mie a fere. C'est outre, a el entendez, Ja cest meffet n'ert amendez Par chose que nos en dion. A la cort Noble le lion Tient on les ples et les oiances De mortiex guerres et de tences, La nos irons de lui clamer, Bientost le porrez amender, Se ce puet estre a cort porté. Cest mot a tot reconforté Sire Ysengrin le corrocié. Certes, fet il, trop ai groucié, Moult iere fox et poi savoie, Mes cest conseus m'a mis a voie : Mar vit Renart son grant desroi Sel puis tenir a cort de roi. |
Traductions à confirmer:
ReplyDelete1. (v. 642) "esprent et art" = "donne la leçon" ?
2. (v. 669) "Empaint et tire et sache et boute" = "il pousse et il tire et il secoue et il frappe" ?
3. (v. 700) "De mortiex guerres et de tences" = "de guerres à mort et autres querelles" ?
4. (v. 702) "Bientost le porrez amender" = "et vous aurez bientôt réparation" ?
5. (v. 709) "Mar vit Renart son grant desroi" = "Renart aura commis sa terrible faute à tort" ?