Sunday, December 21, 2008

Renart et Hersent : le flirt




Quand Hersent entent la nouvelle,




ant Hersent entent la novele,
elle brûle de colère et en est couverte de sueur :
« Comment, dit-elle, seigneur Renart,
est-ce donc les propos tenus ?
Vraiment, je suis soupçonnée à tort.
Tel s'imagine venger sa honte
qui accroît grandement son embarras.
Je n'ai pas de honte à le dire maintenant :
je n'ai jamais pensé du mal de vous.
Mais à cause de ce qui a été clamé,
je tiens fermement à ce que vous m'aimiez.
Revenez donc souvent auprès de moi,
et je vous tiendrai pour ami.
Prenez moi dans les bras, embrassez moi donc,
soyez tranquille maintenant,
il n'y a personne ici qui puisse nous accuser. »
Renart en manifeste une grande joie,
il s'approche puis l'embrasse.
Hersent à qui ce jeu plait beaucoup,
lève la cuisse.
Puis Renart sort de la tour,
car il craint qu'Ysengrin ne vienne,
et redoute fort qu'il ne l'y surprenne.
Néanmoins avant de sortir,
il va vers les louveteaux et leur pisse dessus.
Après les avoir arrangés ainsi
et leur avoir tout pris et tout mangé,
il jette dehors tout ce qu'il trouve,
toute la viande, vielle ou fraîche.
Puis il les fait tomber de leurs lits,
il les injurie et les bat bien fort
comme si il était leur maître.
Il les traite de bâtards et d'illégitimes
de façon familière, comme celui
qui ne craint personne
en dehors de dame Hersent son amie,
qui n'en révélera rien du tout.
Il laisse les louveteaux en pleurs.
Dame Hersent vient alors vers eux,
elle les caresse et les supplie:
« Les enfants, dit-elle, ne soyez pas
au fond de votre cœur si impitoyables et sots
que votre père en sache un mot.
Il ne doit jamais apprendre
que Renart est venu ici.
— Quoi ? par le diable nous devrions protéger
Renart le roux, que nous haïssons
à mort, que vous avez reçu ici,
avec qui vous avez trompé notre père
qui a confiance en vous ?
Jamais, s'il plait à Dieu, tel affront
dont nous ressentons tant de honte
ne restera sans être vengé. »

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De mautalent tressue et art :
Conment, fet el, sire Renart,
Est en dont parole tenue ?
Certes mar i fui mescreüe.
Tel cuide sa honte vengier
Qui acroist son grant enconbrier.
Ne m'est or pas honte nel die,
Onques n'i pensai vilanie;
Mes por ce qu'il s'en est clamez,
Voil ge certes que vos m'amez,
Si revenez sovent a mi,
Et je vos tendrai por ami.
Acolez moi, si me besiez,
Or en estes bien eesiez,
Ci n'a qui encuser nos doie,
Renart en demaine grant joie
Et vient avant, si l'a besie.
Hersent a la cuisse haucie
A qui moult plesoit cel ator.
Et Renart s'en ist de la tor,
Qui crient que Ysengrin ne viengne;
Et mout doute qu'il n'i sorviengne.
Mes neporqant ainz qu'il s'en isse
Vient as loviaus, si les conpisse
Si con il erent arengié :
Si a tout pris et tot mengié,
Et gete fors quant qu'il i trouve,
Tote la viez char et la nueve,
Ses a de lor liz abatuz
Et laidengiez et bien batuz
Autresi con s'il fust lor mestres,
Ses clainme avostre et filastres
Priveement conme celui
Qui ne se doute de nului,
Fors que dame Hersent s'amie
Qui ne l'en descoverra mie.
Les loviax a lessiez plorant,
Dame Hersent lor vint devant,
Si les a blandiz et proiez :
Enfanz, dist ele, ne soiez
En vostre cuer si fel ne sot
Que vostre pere en sache mot,
Ne ja ne li soit conneü
Que Renart soit çaiens venu.
Qu'est ? deable ! nos celerons
Renart le rous que tant haons
De mort, qu'avez ci receü,
Et nostre pere deceü
Qui en vos avoit sa fiance ?
Ja, se Dieu plest, tele viltance
Dont nos somes si laidengié
Ne remaindra ne soit vengié.
Les exploits de jeunesse de Renart
Les enfances Renart (1)

378-398 : Méon 418-438, Martin II 1098-1118, FHS 378-398
ignoré : Méon 439
399 : Méon 440, Martin II 1119, FHS 399
400 : Martin II 1120, FHS 400
401-430 : Méon 441-470, Martin II 1121-1150, FHS 401-430
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1 comment:

  1. Traductions à confirmer:
    1. (v. 391) "Acolez moi, si me besiez" = "Prenez moi dans les bras, embrassez moi donc" ?
    2. (v. 397) "plesoit cel ator" = "ce jeu plait beaucoup" ?
    3. (v. 400) "qu'il n'i sorviengne" = "qu'il ne l'y surprenne" ?
    4. (v. 403) "Si con il erent arengié" = "Après les avoir arrangés ainsi" ?
    5. (v. 423-424) "Qu'est ? deable ! nos celerons Renart" = "Quoi ? par le diable nous devrions protéger Renart" ?

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